Æquo est un duo d’artistes français composé d’un homme et d’une femme. Leur parcours atypique s’est construit au gré de rencontres et de manière totalement autodidacte.

Pas vraiment fan de Pop Art à la base, leur démarche rejoint pourtant celle de Warhol et ils admettent volontiers aujourd’hui que leurs sculptures appartiennent définitivement bien à ce mouvement.

Pour comprendre le travail d’Æquo, il faut donc remonter à l’émergence du Pop art, mouvement artistique construit comme un écho à la fois critique et consubstantiel à l’Amérique des années 60. Devenue une société de consommation de masse, jamais le monde n’avait produit autant d’objets en série. Le Pop Art se construit avec et contre cet ultraconsumérisme, érigeant en œuvre d’art les objets de la nouvelle vie quotidienne : une boite de soupe Campbell, des bouteilles de Coca-Cola ou le raccourci le plus direct, les dollars eux-mêmes, symbole de la montée du capitalisme et de la nécessité de réaliser toujours plus de croissance.

Æquo rejoint une philosophie comparable à travers un autre raccourci : le container. En effet, il est LE vecteur de la mondialisation et représente 90% du trafic international des marchandises. Son histoire est fascinante et l’idée, née dans les années 50, aussi simple qu’ingénieuse, a transformé le monde en quelques décennies, pour le meilleur et pour le pire.

Malcolm Maclean ne pensait pas révolutionner le monde et sa façon de consommer en ayant l’idée de ne pas charger les camions en entier sur bateaux mais seulement leur cargaison dans des boites métalliques afin d’optimiser l’espace à son maximum.

Avant, il était impensable de voir écrit « made in Bengladesh » sur son t-shirt, de manger un hamburger fait à partir de bœuf du Kansas et d’utiliser un appareil électronique japonais. En effet, transporter les marchandises sur longues distances coutait bien trop cher.

Chaque année, quelques 5 000 navires porte-containers chargent ou déchargent plus de 600 millions de ces boîtes métalliques dans les ports de la planète.

Des boîtes remplies de produits de toutes sortes : vêtements, motos, téléviseurs ou téléphones portables, mais aussi liquides, viandes, fruits et légumes. Le container est bien devenu le symbole par excellence de notre société. La soupe Campbell n’est plus le sujet, c’est l’outil de son acheminement qui la remplace.

Les sculptures d’Æquo sont cabossées, défoncées. Même si elles sont en résines, elles donnent à penser qu’elles sont en métal et on ne peut s’empêcher d’y voir un clin d’œil aux compressions de César. Figure majeure du Nouveau réalisme, César partage aussi une volonté d’appropriation de la réalité industrielle et urbaine moderne.

Le container d’Æquo revêt simplement le rôle de miroir et le tend à la société. Une manière de pouvoir se regarder autrement, réfléchir à partir d’un élément si banal au premier abord mais qui renferme tant de questionnements sur notre présent et notre avenir.

La série « Rainbow »

Les sculptures d’Æquo sont très souvent des séries numérotées à 8 exemplaires. La série symbolise la mondialisation et la standardisation et pourtant, chaque sculpture est unique car elle revêt une couleur différente. Cette palette de couleurs vient symboliser les différences culturelles qu’il faut préserver. Le container, d’essence pratique et inesthétique, est totalement renversé dans sa fonction à travers la sculpture : il devient à la fois esthétique et porteur de messages, de valeurs.