Né en 1991
Fernand Kayser est un membre du collectif mulhousien le « Schlager Club » avec ses deux amis d’enfance Yrak et Sven.
Contrairement à beaucoup d’artistes qui passent des années à chercher leur style, Fernand, lui a toujours fait ces dessins, ceux qu’on gribouille souvent sur le calepin posé à côté du téléphone. Bien sûr, nous vous parlons d’un temps où l’on utilisait encore le téléphone fixe, souvent à fil, celui qui nous empêchait de vaquer à nos occupations pendant que nous étions en communication.
Fernand s’amuse à accumuler, entasser les objets du quotidien, les souvenirs et commence ainsi à raconter des histoires, des instants de vie ordinaires ou extraordinaires. Il remplit des dizaines et des dizaines de carnets.
A l’adolescence, sa rencontre avec Sven l’emmène dans le monde du graffiti. Il découvre un nouveau terrain de jeux pour exprimer sa créativité. Son univers prend tout d’un coup une autre dimension et passe de la feuille de carnet au format XXL sur les murs. Le graff devient alors une passion.
En peu de temps, le besoin d’un local pour stocker leur matériel se fait sentir. Ils trouvent un atelier à Mulhouse. C’est lors de longues journées pluvieuses où, ne pouvant graffer en extérieur, Fernand commence à peindre sur différents supports qui lui tombent sous la main.
Il réalise sa première exposition en 2010 et depuis 2013, il se consacre pleinement à sa peinture.
Au fur et à mesure des années, ses oeuvres deviennent plus structurées, plus détaillées, son style plus affirmé. Comme tout artiste, sa technique s’enrichit et se diversifie comme l’effet « néon » qu’il a développé dans une série peinte entièrement au spray en 2018-2019.
Même s’il ne connaissait pas son oeuvre lorsqu’il a commencé à développer sa création, Fernand a souvent été identifié comme une sorte de Jean Dubuffet de la Street.
Esthétiquement, notamment lorsque l’on regarde la conception du cycle « l’Hourloupe » de Dubuffet, dont les motifs de hachures et les aplats blancs, bleus, rouges et noirs dérivent de dessins machinalement griffonnés au stylobille lors de conversations téléphoniques, on remarque une résonance évidente avec les oeuvres de Fernand Kayser.
Mais au-delà de cette comparaison visuelle, leurs démarches se rejoignent et s’affranchissent du contexte artistique de leur siècle respectif.
En effet, Jean Dubuffet privilégiait la spontanéité de l’automatisme et prônait un art dépourvu de prétentions culturelles, ne répondant à aucune démarche intellectuelle. On retrouve bien là le raisonnement, peut-être plus innocent car il remonte à l’enfance, de Fernand.
Ainsi, fond et forme se répondent pour faire front à l’académisme. Une démarche totalement en osmose avec le mouvement Street art qui s’est construit en marge du monde de l’art et bien souvent contre lui.